Chaque jour, je prend le chemin du travail pour une journée d'absence de dix bonnes heures. Chaque jour aussi, je sors du bureau afin d'aller chercher de quoi manger, principale préoccupation à cette heure ci de la journée.

Un midi j'ai vu un jeune homme assis sur le trottoir et qui répétait inlassablement "s'il vous plaît madame"... "s'il vous plaît monsieur"... attendant patiemment que quelques âmes sensibles daignet se préoccuper de son existence. Il avait quoi ? 22 ans peut être et déjà là sur le trottoir à mendier. Alors même que nous étions tous entrain de nous interroger de quoi serait fait notre repas, lui était là patient et résigné et si malheureux.

Je suis passée une première fois, j'avais envie (besoin ?) de lui donner quelquechose qui pourrait un instant, lui apporter un semblant de réconfort. Je ne suis pas arrivée à aller tout de suite vers lui, j'ignore pourquoi . En fait, je pense que je voulais lui donner de l'argent mais qu'il garde sa dignité bien qu'assis à même le sol.

Je suis donc passée devant lui puis repassée dans l'autre sens, enfin décidée à lui remettre un peu d'argent, je l'ai regardé et lui ai souri. Il m'a dit mille fois merci mais j'étais déjà loin... gênée d'avoir du lui faire subir ce geste pourtant nécessaire et sollicité de lui donner de l'argent.

Enfin bref, cette histoire m'a toute "chamboulée". J'ai été incapable de le faire naturellement. J'étais heureuse ensuite car j'ai senti qu'il avait une vraie reconnaissance... peut être a t-il senti toute la sensibilité que j'avais mis à lui donner.

Certains diront que je l'ai fait pour soulager ma conscience mais au fond de moi, j'ai su que tout ce cheminement que j'ai fait dans ma tête avant de pouvoir m'approcher de lui tient plus de l'envie de lui faire un peu de bien et qu'il puisse enfin se relever grand et fier comme on l'est à son âge !...